mardi 8 avril 2014

CHRONIQUE ARTISTIQUE

Chers élèves, c’est avec grand plaisir que je vous transmets les commentaires que vos collègues ont formulés à l’égard de vos productions théâtrales. Vous serez heureuses et heureux d'apprendre que toutes les pièces conçues et présentées dans le cadre du Projet Saynètes ont reçu des critiques absolument dithyrambiques! Je tiens à vous féliciter pour les efforts consacrés à la rédaction, à la mise en scène et à la présentation de vos pièces (tout cela dans un laps de temps que nous avons dû amputer de plusieurs heures). 

Je vous invite donc à lire, plus bas, le résumé des appréciations concernant votre travail. Je vous invite également à réagir aux mots de vos collègues, en cliquant sur l'option Commentaire, en rouge au bas de cette page.  Cet espace est le vôtre, à vous de l'utiliser à votre guise! 

Bonne lecture!!

Dure décision, par Edina
Les spectateurs ont noté le réalisme du texte et la beauté du décor improvisé. Ils ont aussi trouvé la pièce vivante et dynamique, mais ont déploré le débit un peu trop rapide de la comédienne. L’auditoire s’est heureusement montré indulgent, reconnaissant le niveau de nervosité supplémentaire que représentait le fait de briser la glace. Bravo pour le courage!

Avorter sans penser, par Alicia
L’émotion était palpable au terme de cette pièce poignante. Les spectateurs ont apprécié le concept original de la pièce, soit celui de faire entendre le discours téléphonique d’une jeune mère monoparentale et toxicomane avec sa travailleuse sociale. Au terme de la présentation, certains spectateurs ont avoué être émus et au bord des larmes. Ce commentaire est tout à l’honneur de la conceptrice et comédienne!

Ma vie toute compliquée, par Cindy et Alexandra
Ce qui caractérise cette pièce est définitivement son dynamisme : les comédiennes se déplaçaient et parlaient fort, et la touche d’humour a permis de traiter avec légèreté un sujet des plus délicats. Les textes étaient consistants et les points de vue intéressants. Certains spectateurs auraient cependant aimé que les comédiennes soient un peu plus expressives.

Adieu, William, par Emie et Amaryssa
Les émotions étaient au rendez-vous pour la lecture de ce texte étoffé et consistant. Les spectateurs ont en effet apprécié le discours des auteures de cette pièce ainsi que leurs qualités de comédiennes, mais ont toutefois déploré les décrochages (fous rires) et les blancs pendant la présentation. La finale tragique a suscité un vif débat dans l'auditoire, débat qui a dû, lui aussi, avorter, faute de temps…

Une place de trop, par Sara
Crédibilité, intensité et efficacité du jeu d’acteur, voilà qui résume bien les commentaires pour cette pièce. Les spectateurs ont été vraiment impressionnés par les qualités d’interprète de la comédienne, qui a, selon eux, très bien su rendre les émotions de sa pièce. Aux dires des spectateurs, c’est d’ailleurs cette élève qui remporte la palme de la meilleure comédienne.

Accident précoce, par René et Cindy (en remplacement de Jimmy)

Les spectateurs ont apprécié l’humour qui se dégageait de cette pièce, ainsi que le point de vue fort intéressant sur la question du libre choix, soit celui de deux jeunes hommes dont les conjointes sont enceintes. L’absence de l’un des comédiens a nécessité la participation volontaire d’une comédienne de remplacement, qui a bien joué son rôle. Les spectateurs auraient toutefois apprécié de voir jouer les deux comédiens masculins. 

samedi 4 janvier 2014

Voilà!

C'est fait, je me suis acquittée de la tâche qui m'avait été confiée, dans le cadre d'un cours à la maîtrise en enseignement du français au secondaire de l'Université du Québec à Trois-Rivières, de créer, nourrir et animer un blogue pédagogique. Mission accomplie? Plus ou moins...

J'ai découvert trop tard les vertus bénéfiques de tenir un blogue. J'y ai écrit que trop rarement et j'y ai inséré, garoché, les articles « sérieux » trop tard, en bloc, pressée, en fin de session. Si je l'avais fait plus tôt, de manière assidue, à chaque semaine, j'aurais bénéficié du profit didactique et pédagogique qu’entraîne l'étude approfondie des sujets que j'ai traités. Pis ça veut devenir prof...

Nourrir ce blogue était aussi une manière « in » et actuelle de susciter l'étude de sujets découlant de l'intérêt de chaque étudiant, de partager sur ces sujets avec d'autres membres de la communauté virtuelle et de le faire de manière autonome, au moment qui nous convient le mieux. Malheureusement, le peu de membres dans notre communauté et le temps restreint de chacune n'a pas permis d'échanges très élaborés. Je pense que cette activité serait plus profitable en termes d'idées et plus valorisante pour les scripteurs si le groupe avait été plus nombreux au départ. 

Malgré cela, je pense maintenir ce blogue. Je vais tenter de continuer de l'alimenter, malgré le peu, voire l'absence d'auditoire. Ce sera pour moi une manière de résumer et synthétiser les cours auxquels j'assiste et d'améliorer mon étude. 

Alors à plus tard!

Savoir noter

Au confluent de l'oral et de l'écrit existe un genre, non, une pratique d'écriture à la fois courante, utile et utilisée au quotidien, particulièrement pour les étudiants, mais qui est, paradoxalement, peu enseignée à l'école : la prise de notes. 

Prendre des notes est une activité complexe. Vous en doutez? Elle requiert la mobilisation simultanée de plusieurs aptitudes : écouter la personne, disons un prof, qui parle, porter attention à son discours et en saisir les points importants, synthétiser, structurer les notes et rédiger de manière à ce qu'elles soient compréhensibles, lisibles et qu'elles deviennent un soutien efficace à la révision, la mémorisation et l'apprentissage. Pas si simple finalement, n'est-ce pas? 

J'ai trouvé, sur le site internet du Cégep St-Laurent, un document destiné aux étudiants et qui permet de développer une meilleure méthode de prise de notes. Fait intéressant : je n'ai pas trouvé de tel document destiné aux élèves de niveau secondaire. Pourtant, la prise de note, la révision et la mémorisation fait autant partie de leur quotidien que celui des étudiants du Cégep. Autre fait intéressant : ce document est produit par Jacques Courteau et Hélène. Boulay, et révisé par Julie Morel, trois psychologues de l'établissement. Cette tâche ne reviendrait-elle pas à des professeurs de français?

Quelques conseils pratiques

Ainsi, les auteurs du document dispensent plusieurs moyens de raffiner sa technique de prise de notes, le premier étant d'étaler cette activité en trois temps, soit l'avant, le pendant et l'après.

Avant le cours :  Mettre son cerveau en train en relisant les notes du cours précédent et le plan de cours fourni par le professeur pour anticiper le contenu qui s'en vient. Lire les documents ou le manuel de référence du cours permettra de se familiariser avec les notions et le vocabulaire technique utilisé. Le contenu ne sera plus complètement inconnu et la compréhension sera meilleure. Se donner une intention d'apprentissage en se demandant se que l'on veut apprendre concrètement orientera aussi l'écoute et la motivation durant le cours. 

Pendant le cours : Il ne faut pas retranscrire textuellement les propos du professeur. On va plutôt l'observer, porter attention à son message et consigner l'information importante : noter les idées principales et les détails importants, les reformuler et les résumer dans ses mots. On tentera aussi de dégager la structure du discours, qui comprend généralement une idée directrice générant des idées principales explicitées par des idées secondaires et des détails. 

Il est conseillé de prendre des notes aérées et de noter sur un seul côté de la feuille. On pourra par la suite compléter les notes plus facilement. On peut aussi développer un code d'abréviations et de symboles pour accélérer la prise de note. Il est par ailleurs déconseillé d'enregistrer un cours pour le retranscrire ensuite : cela engendre une perte de temps considérable et fait manquer les écritures du professeur au tableau.

Comment choisir l'information importante et essentielle? Toujours selon les auteurs, cela est une question de compréhension et d'aisance. Il faut nécessairement se concentrer et porter attention au discours du professeur pour être en mesure de repérer et d'extraire les éléments essentiels et de les organiser en un tout cohérent qui sera facile à mémoriser. Les auteurs proposent à cet effet cinq méthodes de notes, dont la méthode fonctionnelle, secondée d'une grille à remplir. Et plus on le fera, plus on deviendra habile à le faire. 

Après le cours : Il n'est pas conseillé de recopier ses notes au propre, ce qui engendre une importante perte de temps. On s'activera plutôt à relire ses notes le jour-même, plutôt que la veille de l'examen, pour augmenter la mémorisation. On en profitera pour les compléter en lisant le manuel de cours ou en jumelant ses notes à celles d'un ami. On soulignera les titres, les mots-clés, les détails important, etc. On résumera aussi les notes en un tableau-synthèse que l'on dressera à l'endos des feuilles utilisées, d'où l'utilité de noter d'un seul côté des feuilles. Si des questions restent en suspend, on pourra les noter et poser des questions au cours suivant ou les transmettre par écrit au professeur. L'internet est aussi un outil de recherche indéniable. 

C'était évident, vous me direz, et je vous répondrai que oui. Ce sont tous des conseils que l'on connaît, mais que l'on, du moins que je ne fais pas toujours. Je promets de me corriger dès aujourd'hui. Car pour moi, la prise de notes est une activité ardue. Certes, cela ne m'a cependant pas empêchée de poursuivre de hautes études. Mais je suis heureuse que ce travail m'ait fait trouver des moyens de me faciliter la tâche. J'espère que cela vous sera utile à vous aussi!



Pour consulter le document Pour prendre de meilleures notes, suivez le lien : http://www.cegep-st-laurent.qc.ca/services-etudiants/files/2010/05/pour_prendre_de_meilleures_notes_de_cours.pdf

samedi 28 décembre 2013

Le savoir-écouter : une autre facette de l'enseignement de l'oral

L'enseignement de l'oral ne concerne pas seulement la compétence à s'exprimer adéquatement en public. Il concerne aussi la capacité à écouter divers types de discours oraux. Depuis que je fréquente l'école primaire, jamais un enseignant ne m'a parlé de stratégies d'écoute, soit comment écouter un discours, un film, un reportage, un documentaire pour en extraire les messages livrés par le locuteur ou les informations que l'on cherche à en tirer. Cette compétence est pourtant primordiale, car c'est principalement par l'écoute que l'on s'informe, à la radio ou à la télé. C'est aussi par l'oral que nous sont transmis les divers cours que l'on suit à l'école secondaire, au cégep, à l'université et, depuis quelques années, via les cours à distance. 

Le savoir-écouter est donc d'une importance capitale pour la réussite scolaire et professionnelle et pour pouvoir bien jouer son rôle de citoyen, mais cette compétence est, paradoxalement, très peu, voire pas du tout enseignée. Et lorsqu'elle est abordée en classe, les activités imposées se résument à faire écouter aux élèves un enregistrement sonore, leur demander de prendre des notes (sans leur enseigner comment) et répondre à une série de questions sur le thème dont il était question. Que celui qui a la meilleure mémoire gagne!! 

Autre signe que le savoir-écouter est l'un des enfants pauvres du programme de français, le manque de matériel didactique concret sur le sujet et, conséquemment, l'inconfort des enseignants à l'enseigner (Lafontaine, 2004, p.1). Au terme d'une recherche menée en 2000-2001 en milieu scolaire, Lizanne Lafontaine, professeure rattachée à l'Université du Québec en Outaouais, a élaboré un modèle d'enseignement de l'oral. Elle y présente plus spécifiquement une séquence d'apprentissage consacrée à l'écoute et articulée autour de l'écoute du documentaire L'Erreur boréale de Richard Desjardins.  Nous vous en présentons ici les grandes lignes. Vous trouverez plus bas les références de cette recherche et de la présentation de son modèle. 

Le modèle didactique de la production orale en classe de français langue maternelle au secondaire au Québec de Lafontaine


a. Préciser l'intention de communication, préciser ce que l'élève devra faire : écouter le documentaire pour dégager les enjeux du phénomène de la déforestation au Québec. Pour faire développer par les élèves une attitude positive quant au projet, l'enseignante verra à questionner les élèves pour activer leurs connaissances antérieures sur l'écoute. Elle verra aussi à développer les attentes des élèves vis-à-vis du projet, c'est à dire anticiper le sujet du documentaire, par la lecture d'articles sur le sujet de la déforestation, l'engagement social de Richard Desjardins, l'attention portée au titre, etc. C'est la phase de pré-écoute.

b. Procéder à une écoute globale de certaines scènes choisies du documentaire : 

c. Faire une deuxième écoute, cette fois-ci analytique et portant sur le documentaire complet, afin de dégager et comprendre les différents aspects liés à la déforestation.

d. La situation de communication :
  • intégration des différentes pratiques : l'analyse de textes écrits réalisée en phase de pré-écoute et l'écoute du documentaire devra mener à la rédaction d'une lettre d'opinion sur le thème de la déforestation au Québec;
  • type de sujet présenté aux élèves : ce sujet est non signifiant (il ne part pas du vécu des élèves);
  • prise en compte des intérêts des élèves : l'écoute d'un documentaire est une pratique d'oral public, savoir transférable à diverses situations du quotidien; les élèves pourront travailler en équipe pour la phase de pré-écoute et pour la rédaction post-écoute; les élèves doivent rédiger en prenant en compte leur destinataire (ici, un journal local, le journal étudiant ou le site internet de l'école, le député, le Ministre de l'environnement, etc.);
  • les connaissances antérieures nécessaires à la réalisation du projet : l'enseignante doit s'assurer que les élèves possèdent et maîtrisent, dans une certaine mesure, tous les savoirs permettant de cheminer tout au long du projet et réaliser la production finale attendue. Ici, la structure de la lettre d'opinion et l'énonciation d'arguments ainsi que les ressources de la langue appropriées, soit le lexique se rapportant à la déforestation et ceux pour expliquer un point de vue (modaliser).
Au terme de cette séquence, qui devrait tenir en cinq cours, l'élève aura rédigé sa lettre d'opinion et pourra la faire parvenir au destinataire de son choix. 

Dans mes derniers billets traitant de l'oral, je nous ai donné des stratégies d'enseignement de la prestation d'un discours et de l'écoute d'un discours. Un prochain billet devrait porter sur la prise de notes en contexte d'écoute. Cette activité, qui marie l'oral à l'écriture, est elle aussi d'une importance cruciale pour la réussite scolaire et professionnelle et est, elle aussi, cruellement et tristement absente du programme de français du MELS.


L'entretien d'embauche pour travailler l'oral

D'un côté, nous avons le Programme de formation de l'école québécoise stipule que les situations d'apprentissage proposées aux élèves doivent s'articuler autour de situations de communications réelles. De l'autre, des élèves de 4e et 5e secondaire qui font, en même temps qu'ils fréquentent l'école, leurs premiers pas dans le monde du travail. Si l'on marie ces deux variables, on obtient une idée de séquence d'enseignement-apprentissage qui permet de travailler l'oral et de préparer les adolescents à se présenter devant de futurs employeurs : développer les compétences orales en travaillant l'entretien d'embauche.

À l'époque immémoriale où je fréquentais l'école secondaire, nous avions le cours d'Éducation au choix de carrière (ECC). Une période tous les 9 jours, nous explorions nos goûts et aptitudes professionnels, et apprenions à rédiger notre cv et une lettre de présentation. C'est la base avant de faire le grand pas vers le marché du travail. Aujourd'hui, ce cours a été évacué du curriculum scolaire et remplacé par quelques rencontres avec l'orienteur. Pourtant, le rôle de l'école est de préparer les élèves à prendre part à la vie en société en les rendant aptes, entre autres, à occuper un emploi. Ne serait-ce pas aussi son rôle de leur donner toutes les chances possibles de décrocher cet emploi? 

De toute évidence, il est du rôle de l'école de travailler l'entretien d'embauche et le programme de français langue première permet de le faire. Roxanne Gagnon, de l'Université de Genève en Suisse, suggère ainsi de profiter de la séquence sur l'argumentation, car « l’entretien d’embauche est un échange dans lequel le candidat convoitant un emploi, présente ses ressources de façon à ce qu’elles correspondent aux besoins de l’employeur potentiel et, idéalement, de façon à ce que celui-ci soit convaincu qu’il est le meilleur candidat possible. ( L'entretien d'embauche  :..., p.2) ». 

Du point de vue de la Progression des apprentissages (PDA), l'entretien d'embauche s'insère bien dans la séquence d'enseignement sur l'argumentation, puisque ces deux thèmes recoupent des savoirs à enseigner communs :

  • Tenir compte du contexte de production (PDA, 1.3a);
  • Prendre en compte son destinataire et ses caractéristiques (PDA, 1.2b);
  • Savoir dégager ou  présenter une thèse (PDA, 2.3);
  • Reconnaître ou développer une stratégie argumentative appropriée à la situation (2.4);
  • Expliquer quelque chose avec la nette intention de convaincre ou d'influencer son destinataire PDA, 2.4B)
  • Repérer ou énoncer des arguments (PDA, 2.5);
  • Savoir utiliser des séquences justificatives (PDA, 2.5b ii);
  • Assurer la cohérence de son discours (PDA, 3);
  • Savoir nuancer son jugement; 
  • Etc.

Organiser sa séquence d'enseignement

Ainsi, Gagnon suggère de diviser la séquence d'enseignement en quatre étapes, qui correspondent à quatre grandes capacités. La première, l'anticipation. L'élève doit anticiper les besoins de l'employeur, les questions qui seront posées durant l'entrevue, le déroulement de la situation de communication et faire le bilan de ses expériences personnelles et de ses compétences. En travaillant à partir d'une offre d'emploi, l'élève pourra aussi se documenter sur le poste convoité et l'entreprise elle-même (ses caractéristiques, son fonctionnement, son rayonnement dans sa communauté, etc.).

La deuxième étape permet de développer sa maîtrise de la situation de communication qu'est l'entrevue d'embauche. L'élève doit savoir se présenter, écouter, interpréter les questions et les commentaires de l’intervieweur et réagir de façon à mettre sa candidature en valeur. On travaillera avec les élèves les formules de présentation et de politesse; on s'exercera à faire de brefs récits visant à se présenter, parler de ses motivations à obtenir ce travail, raconter des récits pertinents, comme des exemples de réactions ou de comportements adéquats dans des situations critiques ou délicates; on s'exercera à dégager l'objectif caché de certaines questions de l'intervieweur; on s'exercera à reformuler les questions de l'intervieweur pour s'assurer de bien la saisir et donner la bonne réponse; etc.

La troisième capacité, celle de la textualisation, concerne l'organisation du discours, les stratégies argumentatives et le vocabulaire. On étudie ici ce qu'il est préférable de dire et de ne pas dire; on apprend à répondre à une question de manière appropriée, concise et efficace (introduire, contextualiser, rassembler ses idées, synthétiser et conclure); on étudie deux stratégies argumentatives appropriées pour l'entretien d'embauche, soit la négociation (transformer le négatif en positif) et la concession (concéder pour mieux prouver le contraire); on verra à augmenter son vocabulaire et habiller son discours de manière à l'adapter au contexte, par l'utilisation de termes techniques et de termes visant à modaliser son discours (Modaliser, c'est exprimer sa subjectivité en empreignant ses propos de marques langagières à cet effet [PDA, p.66]).

La quatrième étape capacité concerne la prise de parole : la qualité de la voix, le débit, l'articulation, le débit, la respiration, les pauses, mais aussi la posture du corps, l'habillement, la propreté, etc. On se donnera aussi des moyens de réduire ou contrôler le stress et le trac. On peut le faire en mettant en scène des situations d'apprentissage correspondant le plus possible à une réelle entrevue d'embauche, avec invité surprise et caméra, par exemple, pour faire vivre un certain trac et anticiper des moyens d'y remédier. 

Bien que l'enseignant soit relativement informé sur le milieu du travail, il serait appréciable d'inviter en classe un professionnel de l'orientation, un intervieweur travaillant pour des agences de placement, le responsable de l'embauche dans une industrie importante de votre région, un agent de placement dans un centre local d'emploi, etc. Ces personnes sont les mieux placées pour donner l'heure juste sur le milieu de l'emploi et conseiller les jeunes sur les meilleures stratégies à adopter. 


L'entretien d'embauche : quels savoirs enseigner pour l'oral au secondaire?
Document PDF explicitant la démarche à suivre

vendredi 27 décembre 2013

L'oral à l'école

L'enseignement de l'oral fait partie intégrante du Programme de formation de l'école québécoise. La Progression des apprentissages stipule en effet que le programme de français doit voir à développer trois compétences : Lire et apprécier des textes variés, Écrire des textes variés et Communiquer oralement selon des modalités variées. Si l'on décortique les savoirs a enseigner, on constate que les prescriptions à l'oral sont beaucoup moins nombreuses que celles pour la lecture et l'écriture, et concernent davantage l'écoute que la production de discours à l'oral. Et pour la totalité de ces prescriptions, les compétences attendues concernent la structure du genre étudié ou les diverses ressources de la langue. (Progression des apprentissages, n4-n7-n12-n18,n23-n28-n35-n38). 

Pourtant communiquer oralement, c'est bien plus que transférer à l'oral des mots et des structures de phrases et de textes. Bien au contraire, l'oral appelle une modalité qui lui est propre : le ton, le débit, le volume, la tenue, le regard, la gestuelle, le choix des mots, l'articulation, etc. Voilà autant d'aspects à prendre en compte, à contrôler et ajuster quand on parle en public. Ce sont là autant d'aspects qu'il est possible, nécessaire et agréable d'enseigner. Et cela est d'autant plus important qu'une majorité d'individus sont mal à l'aise et perdent leurs moyens quand vient le temps de s'exprimer publiquement. 

Les situations où l'on doit prendre la parole sont multiples et font partie du quotidien : solliciter un emploi, se présenter à un entretien d'embauche, exprimer un point de vue à son conseil municipal ou poser une question à un professeur ou un supérieur, défendre son point de vue ou sa cause, etc. Pour nombre d'élèves, devoir faire une présentation orale devant la classe représente une source de stress maladif incommensurable. 

Autant qu'écrire et lire, la communication orale est une dimension essentielle de la maîtrise de la langue. Malheureusement, celle-ci est bien souvent négligée en classe de français. Pour preuve le peu de ressources didactiques abordant le sujet sur les différents portails de ressources destinées aux enseignants, et ce, tant en mode production qu'en mode réception. Le chapitre 12, L'Oral, de l'ouvrage Didactique du français langue première de Simard, Dufays, Dolz et Garcia-Debanc (2010) souligne l'importance de la communication orale et propose des pistes didactiques tout aussi intéressantes qu'utiles pour enseigner l'oral et permettre aux élèves de développer cette compétence. 

Ainsi, les auteurs rappellent que l'oral est le premier apprentissage langagier de l'enfant et est indispensable à la vie en société, car c'est par l'oral que l'on peut établir et entretenir des rapports avec autrui. D'où la nécessité de l'enseigner en classe. Les auteurs dénoncent toutefois la passivité paradoxale du milieu scolaire vis-à-vis de l'oral. Cette passivité serait due : 1. à la croyance que l'oral s'apprend « tout seul », naturellement, par la pratique dans les diverses situations de la vie quotidienne et 2. au fait que l'école considère l'oral comme une discipline difficile, voire impossible à enseigner, entre autres, parce qu'il est une forme d'expression de l'identité profonde de l'individu et qu'il est, de ce fait, impossible de l'enseigner. 

Les auteurs insistent toutefois sur la nécessité d'enseigner l'oral, d'abord parce que comprendre des textes est primordial pour pouvoir s'instruire, suivre un cours et réussir leur scolarité. Ensuite, parce que les compétences orales permettent de se distinguer en société et réussir sa carrière. Aussi parce que le langage oral intériorisé contribue au développement de la pensée. Enfin, parce que l'école prévoit l'évaluation des compétences orales, et qu'en omettant d'enseigner l'oral on crée une discrimination des élèves basée sur les pratiques communicationnelles qui ont cours dans leur famille respective. En effet, comme les compétences orales s'apprennent d'abord au sein de la famille et que toutes les familles n'ont pas les mêmes pratiques communicationnelles (comme solliciter l'opinion des enfants au moment de prendre des décisions, ou bien expliquer aux enfants les raisons des décisions prises ou des punitions imposées), tous les élèves ne sont pas égaux devant l'enseignante qui évalue. Comme tout ce qui est évalué doit d'abord être enseigné, nous allons ici nous intéresser aux pratiques didactiques de l'enseignement de l'oral.

Quelques principes d'action

Il convient d'abord de distinguer deux types de situations de communication. L'oral polygéré est une situation de communication impliquant plusieurs interlocuteurs et où chacun doit adapter son discours à celui des autres interlocuteurs (Simard, Dufays, Dolz et Garcia-Debanc, p. 290) On peut penser ici à un débat, un groupe de travail ou une discussion. L'oral monogéré est une situation de communication où un locuteur prend la parole individuellement, de manière longue et suivie. Cet oral préparé est soutenu par une prise de note efficace et est peu interactif. On pense ici à un examen ou un exposé (Idem, p. 290).

Il convient aussi de distinguer les situations où l'oral est mobilisé ou travaillé. Le plus souvent, dans les situations du quotidien ou en classe, l'oral est mobilisé. Il a une fonction plus usuelle, une forme et un ton plus familiers. Par exemple, au quotidien, on va chez son garagiste, on expose le problème à grand renfort d'onomatopées, on demande combien cela va coûter, etc. En classe l'enseignante pose des questions auxquelles les élèves répondent; elle écrit ces réponses au tableau; elle pose de nouvelles questions, etc. Bien que de telles interactions aient ainsi lieu un peu partout et donnent des résultats concluants (réussir à faire réparer son auto, donner la bonne réponse à son enseignante), cela ne correspond pas à de réelles compétences orales. Il convient ainsi de mettre en place, dans la classe, des situations où l'oral sera vraiment travaillé.

Pour travailler l'oral

Ainsi, le travail sur l'oral portera sur différents aspects de son fonctionnement : 

  • s'adapter à son interlocuteur. Pour le faire, on privilégie des activités orales où l'utilisation des gestes est interdite, comme donner des indications routières ou des consignes descriptives pour la réalisation d'un dessin. On développe le vocabulaire du même coup;
  • organiser son discours, le structurer un peu à la manière du texte écrit de référence (débat vs texte argumentatif), pour en assurer l'efficacité et la compréhension. Il faut cependant veiller à ce que les élèves ne récitent pas leur discours par coeur.
  • porter attention au langage non-verbal, comme le regard (Fixe-t-il le fond de la salle ou balaie-t-il l'auditoire?, Est-il fuyant ou traduit-il de la confiance? Etc.) et la posture générale (Est-elle molle? Le locuteur se balance-t-il sur ses hanches sans arrêt? Que fait-il avec ses bras? A-t-il des tics nerveux? Etc.). Filmer les élèves leur permettra de prendre conscience de leur travers. 
  • corriger ses défauts locutoires, c'est à dire tout ce qui se rapporte à la parole : le débit (parler trop vite ou trop lentement), l'intensité (le volume de la voix), l'articulation (Le locuteur parle-t-il avec « une patate chaude » dans la bouche?, Etc. :)), la prononciation (Escamote-t-il les fins de mots? Diphtongue-t-il à qui mieux-mieux?, Etc.) et l'intonation (La voix est-elle drabe, morne, ou au contraire appuie-t-elle trop sur les mots et tous les mots?, Etc.).
  • savoir s'aider de notes écrites efficaces, assez précises pour aider à la fluidité du discours et assez concises pour que le discours paraisse improvisé.
  • Du point de vue syntaxique, l'enseignante fera remarquer la présence à l'oral de phrases inachevée, due au fait que le locuteur produit et livre son discours simultanément et en direct. Le locuteur est plus susceptible de se tromper, se reprendre, changer ses manières de dire, etc.
  • Du point de vue lexical, l'enseignante fera remarquer les différences lexicales et grammaticales entre l'oral et l'écrit. Par exemple, du point de vue lexical, la langue orale est plus « active », utilise davantage les verbes, alors que l'écrit est plus conceptuel, utilise davantage les noms. Par exemple, à l'oral on « va rencontrer quelqu'un », alors qu'à l'écrit, on « va à sa rencontre ». Du point de vue grammatical, l'oral appelle un style plus sobre, plus direct, alors que l'écrit permet plus d'effets de style. 

Peu importe l'aspect travaillé, l'enseignante verra à expliquer les différents critères et en donner des exemples. Elle pourra également filmer les élèves dans différentes situations afin de faire leur faire prendre conscience des aspects à travailler pour chacun, en prenant bien soin de ne pas ridiculiser les élèves. Cette évaluation se veut constructive. Une fois tous les critères explicités et compris par les élèves, il sera possible d'avoir un véritable apprentissage et une véritable évaluation de l'oral.


Enfin, pour développer l'oral, les auteurs soutiennent l'intérêt d'activités ritualisées, qui prendront place à chaque cours ou à intervalles réguliers durant l'année et les objets d'études. Elles pourront prendre la forme de revue de presse, de présentation de livre, de lecture à voix haute ou de déclamation par-coeur d'un texte de poésie, de critiques de textes et même d'études lexicographiques à la manière de La Capsule linguistique de Guy Bertrand sur les  ondes de la radio de Radio-Canada, etc. 

Et vous, quelles-sont vos stratégies d'enseignement de l'oral??



Pour lire le texte complet ou pour un complément d'information : 
Simard, C. Dufays ,J.-L., Dolz, J. et Garcia-Debanc, C. (2010) La lecture. Dans Didactique du français langue première, (236-260), Bruxelle, Belgique, De Boeck.

La communication orale en voie d'extinction??

À une époque pas si lointaine, les communications interpersonnelles en mode oral étaient monnaie courante : on se rendait visite ou on se téléphonait; on allait chez le commerçant ou on lui téléphonait pour avoir des informations sur ses produits; on se réunissait en famille et on multipliait les détours pour rencontrer des gens, etc. L'arrivée d'internet et des médias sociaux a cependant littéralement transformé les moyens de communication et modifié les les relations interpersonnelles : les courriels, les forums de discussion, les textos et Facebook, pour ne nommer que ceux-là, font désormais partie intégrante de notre vie et ont modifié nos pratiques communicationnelles à jamais. Pour le meilleur et pour le pire.

Certes, ces outils de communication font partie de la nouvelle culture et ils comportent de nombreux avantages : démocratisation de l'information, ouverture virtuelle sur le monde, facilitation d'opérations bancaires et commerciales, établissement de communautés virtuelles d'amis et de contacts, etc. Mais en même temps, il me semble qu'ils ont contribué à faire régresser les compétences à communiquer. 

On peut ainsi se demander si ces nouveaux modes de communication écrite ne sont pas en train de tuer la capacité et l'habileté à communiquer oralement, et ce, surtout auprès des nouvelles générations. Sans vouloir généraliser, on ne peut nier le fait que les jeunes d'aujourd'hui sont plus portés à s'envoyer des textos ou se parler via Facebook au détriment de la communication directe. Je parle en connaissance de cause. 

Ma fille aînée et son « Dieu-Grec» s'envoient des textos à longueur de journée. Jamais je ne les ai entendus parler ensemble au téléphone. J'ai beau m'évertuer à lui expliquer qu'on ne peut développer une relation affective avec une autre personne et apprendre à se connaître par texto, qu'il faut pour cela échanger réellement, se parler, discuter, se regarder, se sourire, se toucher, etc., elle ne comprend pas. Elle me répond qu'ils vont se voir durant le week-end. Mais moi je sais bien que, le week-end venu, leurs bouches serviront à échanger des fluides bien plus que des mots...

Autre phénomène observé : la panique et le sentiment d'être démuni à l'idée de devoir téléphoner quelque part pour demander un renseignement. Vous doutez? Si je demande à mes filles de trouver un renseignement quelconque, elles se tournent d'abord vers Google. Et quand l'information recherchée s'avère incomplète ou introuvable et que je leur suggère de téléphoner directement, c'est la cata. J'exagère à peine. « Non, finalement, pas besoin... Ben là, j'y dis quoi??? Je lui dis ça comment? J'ai une idée, je vais le demander à mon amie sur Facebook! » Et c'est sans compter tous ceux et celles qui se draguent et se laissent par texto, qui règlent leurs différends sur Facebook ou qui se créent une personnalité virtuelle qui n'a rien à voir avec qui ils sont vraiment.

Si c'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est en parlant qu'on devient de meilleurs communicateurs. Et cela est d'autant plus nécessaire que certaines activités humaines ne peuvent avoir cours en format électronique : gérer des employés ou entretenir une relation d'aide (ce que font les psychologues, travailleurs sociaux, les répondants à des lignes téléphoniques d'urgence ou d'aide, etc.), défendre des droits (avocats, juges, etc.), ou travailler comme médecin, infirmière, policier, etc., demandent des capacités relationnelles importantes. 

C'est pourquoi je répète à mes filles que les personnes qui auront cultivé leurs aptitudes à communiquer oralement auront une longueur d'avance sur tous les autres. Que celles-ci seront riche d'une vertu qui se perd à la vitesse de la fibre optique. 

J'espère que le message fait son chemin. Peut-être devrais-je le leur texter...