L'enseignement de l'oral fait partie intégrante du Programme de formation de l'école québécoise. La Progression des apprentissages stipule en effet que le programme de français doit voir à développer trois compétences : Lire et apprécier des textes variés, Écrire des textes variés et Communiquer oralement selon des modalités variées. Si l'on décortique les savoirs a enseigner, on constate que les prescriptions à l'oral sont beaucoup moins nombreuses que celles pour la lecture et l'écriture, et concernent davantage l'écoute que la production de discours à l'oral. Et pour la totalité de ces prescriptions, les compétences attendues concernent la structure du genre étudié ou les diverses ressources de la langue. (Progression des apprentissages, n4-n7-n12-n18,n23-n28-n35-n38).
Pourtant communiquer oralement, c'est bien plus que transférer à l'oral des mots et des structures de phrases et de textes. Bien au contraire, l'oral appelle une modalité qui lui est propre : le ton, le débit, le volume, la tenue, le regard, la gestuelle, le choix des mots, l'articulation, etc. Voilà autant d'aspects à prendre en compte, à contrôler et ajuster quand on parle en public. Ce sont là autant d'aspects qu'il est possible, nécessaire et agréable d'enseigner. Et cela est d'autant plus important qu'une majorité d'individus sont mal à l'aise et perdent leurs moyens quand vient le temps de s'exprimer publiquement.
Les situations où l'on doit prendre la parole sont multiples et font partie du quotidien : solliciter un emploi, se présenter à un entretien d'embauche, exprimer un point de vue à son conseil municipal ou poser une question à un professeur ou un supérieur, défendre son point de vue ou sa cause, etc. Pour nombre d'élèves, devoir faire une présentation orale devant la classe représente une source de stress maladif incommensurable.
Autant qu'écrire et lire, la communication orale est une dimension essentielle de la maîtrise de la langue. Malheureusement, celle-ci est bien souvent négligée en classe de français. Pour preuve le peu de ressources didactiques abordant le sujet sur les différents portails de ressources destinées aux enseignants, et ce, tant en mode production qu'en mode réception. Le chapitre 12, L'Oral, de l'ouvrage Didactique du français langue première de Simard, Dufays, Dolz et Garcia-Debanc (2010) souligne l'importance de la communication orale et propose des pistes didactiques tout aussi intéressantes qu'utiles pour enseigner l'oral et permettre aux élèves de développer cette compétence.
Ainsi, les auteurs rappellent que l'oral est le premier apprentissage langagier de l'enfant et est indispensable à la vie en société, car c'est par l'oral que l'on peut établir et entretenir des rapports avec autrui. D'où la nécessité de l'enseigner en classe. Les auteurs dénoncent toutefois la passivité paradoxale du milieu scolaire vis-à-vis de l'oral. Cette passivité serait due : 1. à la croyance que l'oral s'apprend « tout seul », naturellement, par la pratique dans les diverses situations de la vie quotidienne et 2. au fait que l'école considère l'oral comme une discipline difficile, voire impossible à enseigner, entre autres, parce qu'il est une forme d'expression de l'identité profonde de l'individu et qu'il est, de ce fait, impossible de l'enseigner.
Les auteurs insistent toutefois sur la nécessité d'enseigner l'oral, d'abord parce que comprendre des textes est primordial pour pouvoir s'instruire, suivre un cours et réussir leur scolarité. Ensuite, parce que les compétences orales permettent de se distinguer en société et réussir sa carrière. Aussi parce que le langage oral intériorisé contribue au développement de la pensée. Enfin, parce que l'école prévoit l'évaluation des compétences orales, et qu'en omettant d'enseigner l'oral on crée une discrimination des élèves basée sur les pratiques communicationnelles qui ont cours dans leur famille respective. En effet, comme les compétences orales s'apprennent d'abord au sein de la famille et que toutes les familles n'ont pas les mêmes pratiques communicationnelles (comme solliciter l'opinion des enfants au moment de prendre des décisions, ou bien expliquer aux enfants les raisons des décisions prises ou des punitions imposées), tous les élèves ne sont pas égaux devant l'enseignante qui évalue. Comme tout ce qui est évalué doit d'abord être enseigné, nous allons ici nous intéresser aux pratiques didactiques de l'enseignement de l'oral.
Quelques principes d'action
Il convient d'abord de distinguer deux types de situations de communication. L'oral polygéré est une situation de communication impliquant plusieurs interlocuteurs et où chacun doit adapter son discours à celui des autres interlocuteurs (Simard, Dufays, Dolz et Garcia-Debanc, p. 290) On peut penser ici à un débat, un groupe de travail ou une discussion. L'oral monogéré est une situation de communication où un locuteur prend la parole individuellement, de manière longue et suivie. Cet oral préparé est soutenu par une prise de note efficace et est peu interactif. On pense ici à un examen ou un exposé (Idem, p. 290).
Il convient aussi de distinguer les situations où l'oral est mobilisé ou travaillé. Le plus souvent, dans les situations du quotidien ou en classe, l'oral est mobilisé. Il a une fonction plus usuelle, une forme et un ton plus familiers. Par exemple, au quotidien, on va chez son garagiste, on expose le problème à grand renfort d'onomatopées, on demande combien cela va coûter, etc. En classe l'enseignante pose des questions auxquelles les élèves répondent; elle écrit ces réponses au tableau; elle pose de nouvelles questions, etc. Bien que de telles interactions aient ainsi lieu un peu partout et donnent des résultats concluants (réussir à faire réparer son auto, donner la bonne réponse à son enseignante), cela ne correspond pas à de réelles compétences orales. Il convient ainsi de mettre en place, dans la classe, des situations où l'oral sera vraiment travaillé.
Pour travailler l'oral
Ainsi, le travail sur l'oral portera sur différents aspects de son fonctionnement :
Pourtant communiquer oralement, c'est bien plus que transférer à l'oral des mots et des structures de phrases et de textes. Bien au contraire, l'oral appelle une modalité qui lui est propre : le ton, le débit, le volume, la tenue, le regard, la gestuelle, le choix des mots, l'articulation, etc. Voilà autant d'aspects à prendre en compte, à contrôler et ajuster quand on parle en public. Ce sont là autant d'aspects qu'il est possible, nécessaire et agréable d'enseigner. Et cela est d'autant plus important qu'une majorité d'individus sont mal à l'aise et perdent leurs moyens quand vient le temps de s'exprimer publiquement.
Les situations où l'on doit prendre la parole sont multiples et font partie du quotidien : solliciter un emploi, se présenter à un entretien d'embauche, exprimer un point de vue à son conseil municipal ou poser une question à un professeur ou un supérieur, défendre son point de vue ou sa cause, etc. Pour nombre d'élèves, devoir faire une présentation orale devant la classe représente une source de stress maladif incommensurable.
Autant qu'écrire et lire, la communication orale est une dimension essentielle de la maîtrise de la langue. Malheureusement, celle-ci est bien souvent négligée en classe de français. Pour preuve le peu de ressources didactiques abordant le sujet sur les différents portails de ressources destinées aux enseignants, et ce, tant en mode production qu'en mode réception. Le chapitre 12, L'Oral, de l'ouvrage Didactique du français langue première de Simard, Dufays, Dolz et Garcia-Debanc (2010) souligne l'importance de la communication orale et propose des pistes didactiques tout aussi intéressantes qu'utiles pour enseigner l'oral et permettre aux élèves de développer cette compétence.
Ainsi, les auteurs rappellent que l'oral est le premier apprentissage langagier de l'enfant et est indispensable à la vie en société, car c'est par l'oral que l'on peut établir et entretenir des rapports avec autrui. D'où la nécessité de l'enseigner en classe. Les auteurs dénoncent toutefois la passivité paradoxale du milieu scolaire vis-à-vis de l'oral. Cette passivité serait due : 1. à la croyance que l'oral s'apprend « tout seul », naturellement, par la pratique dans les diverses situations de la vie quotidienne et 2. au fait que l'école considère l'oral comme une discipline difficile, voire impossible à enseigner, entre autres, parce qu'il est une forme d'expression de l'identité profonde de l'individu et qu'il est, de ce fait, impossible de l'enseigner.
Les auteurs insistent toutefois sur la nécessité d'enseigner l'oral, d'abord parce que comprendre des textes est primordial pour pouvoir s'instruire, suivre un cours et réussir leur scolarité. Ensuite, parce que les compétences orales permettent de se distinguer en société et réussir sa carrière. Aussi parce que le langage oral intériorisé contribue au développement de la pensée. Enfin, parce que l'école prévoit l'évaluation des compétences orales, et qu'en omettant d'enseigner l'oral on crée une discrimination des élèves basée sur les pratiques communicationnelles qui ont cours dans leur famille respective. En effet, comme les compétences orales s'apprennent d'abord au sein de la famille et que toutes les familles n'ont pas les mêmes pratiques communicationnelles (comme solliciter l'opinion des enfants au moment de prendre des décisions, ou bien expliquer aux enfants les raisons des décisions prises ou des punitions imposées), tous les élèves ne sont pas égaux devant l'enseignante qui évalue. Comme tout ce qui est évalué doit d'abord être enseigné, nous allons ici nous intéresser aux pratiques didactiques de l'enseignement de l'oral.
Quelques principes d'action
Il convient d'abord de distinguer deux types de situations de communication. L'oral polygéré est une situation de communication impliquant plusieurs interlocuteurs et où chacun doit adapter son discours à celui des autres interlocuteurs (Simard, Dufays, Dolz et Garcia-Debanc, p. 290) On peut penser ici à un débat, un groupe de travail ou une discussion. L'oral monogéré est une situation de communication où un locuteur prend la parole individuellement, de manière longue et suivie. Cet oral préparé est soutenu par une prise de note efficace et est peu interactif. On pense ici à un examen ou un exposé (Idem, p. 290).
Il convient aussi de distinguer les situations où l'oral est mobilisé ou travaillé. Le plus souvent, dans les situations du quotidien ou en classe, l'oral est mobilisé. Il a une fonction plus usuelle, une forme et un ton plus familiers. Par exemple, au quotidien, on va chez son garagiste, on expose le problème à grand renfort d'onomatopées, on demande combien cela va coûter, etc. En classe l'enseignante pose des questions auxquelles les élèves répondent; elle écrit ces réponses au tableau; elle pose de nouvelles questions, etc. Bien que de telles interactions aient ainsi lieu un peu partout et donnent des résultats concluants (réussir à faire réparer son auto, donner la bonne réponse à son enseignante), cela ne correspond pas à de réelles compétences orales. Il convient ainsi de mettre en place, dans la classe, des situations où l'oral sera vraiment travaillé.
Pour travailler l'oral
Ainsi, le travail sur l'oral portera sur différents aspects de son fonctionnement :
- s'adapter à son interlocuteur. Pour le faire, on privilégie des activités orales où l'utilisation des gestes est interdite, comme donner des indications routières ou des consignes descriptives pour la réalisation d'un dessin. On développe le vocabulaire du même coup;
- organiser son discours, le structurer un peu à la manière du texte écrit de référence (débat vs texte argumentatif), pour en assurer l'efficacité et la compréhension. Il faut cependant veiller à ce que les élèves ne récitent pas leur discours par coeur.
- porter attention au langage non-verbal, comme le regard (Fixe-t-il le fond de la salle ou balaie-t-il l'auditoire?, Est-il fuyant ou traduit-il de la confiance? Etc.) et la posture générale (Est-elle molle? Le locuteur se balance-t-il sur ses hanches sans arrêt? Que fait-il avec ses bras? A-t-il des tics nerveux? Etc.). Filmer les élèves leur permettra de prendre conscience de leur travers.
- corriger ses défauts locutoires, c'est à dire tout ce qui se rapporte à la parole : le débit (parler trop vite ou trop lentement), l'intensité (le volume de la voix), l'articulation (Le locuteur parle-t-il avec « une patate chaude » dans la bouche?, Etc. :)), la prononciation (Escamote-t-il les fins de mots? Diphtongue-t-il à qui mieux-mieux?, Etc.) et l'intonation (La voix est-elle drabe, morne, ou au contraire appuie-t-elle trop sur les mots et tous les mots?, Etc.).
- savoir s'aider de notes écrites efficaces, assez précises pour aider à la fluidité du discours et assez concises pour que le discours paraisse improvisé.
- Du point de vue syntaxique, l'enseignante fera remarquer la présence à l'oral de phrases inachevée, due au fait que le locuteur produit et livre son discours simultanément et en direct. Le locuteur est plus susceptible de se tromper, se reprendre, changer ses manières de dire, etc.
- Du point de vue lexical, l'enseignante fera remarquer les différences lexicales et grammaticales entre l'oral et l'écrit. Par exemple, du point de vue lexical, la langue orale est plus « active », utilise davantage les verbes, alors que l'écrit est plus conceptuel, utilise davantage les noms. Par exemple, à l'oral on « va rencontrer quelqu'un », alors qu'à l'écrit, on « va à sa rencontre ». Du point de vue grammatical, l'oral appelle un style plus sobre, plus direct, alors que l'écrit permet plus d'effets de style.
Peu importe l'aspect travaillé, l'enseignante verra à expliquer les différents critères et en donner des exemples. Elle pourra également filmer les élèves dans différentes situations afin de faire leur faire prendre conscience des aspects à travailler pour chacun, en prenant bien soin de ne pas ridiculiser les élèves. Cette évaluation se veut constructive. Une fois tous les critères explicités et compris par les élèves, il sera possible d'avoir un véritable apprentissage et une véritable évaluation de l'oral.
Enfin, pour développer l'oral, les auteurs soutiennent l'intérêt d'activités ritualisées, qui prendront place à chaque cours ou à intervalles réguliers durant l'année et les objets d'études. Elles pourront prendre la forme de revue de presse, de présentation de livre, de lecture à voix haute ou de déclamation par-coeur d'un texte de poésie, de critiques de textes et même d'études lexicographiques à la manière de La Capsule linguistique de Guy Bertrand sur les ondes de la radio de Radio-Canada, etc.
Et vous, quelles-sont vos stratégies d'enseignement de l'oral??
Pour lire le texte complet ou pour un complément d'information :
Simard, C. Dufays ,J.-L., Dolz, J. et Garcia-Debanc, C. (2010) La lecture. Dans Didactique du français langue première, (236-260), Bruxelle, Belgique, De Boeck.
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