vendredi 27 décembre 2013

La communication orale en voie d'extinction??

À une époque pas si lointaine, les communications interpersonnelles en mode oral étaient monnaie courante : on se rendait visite ou on se téléphonait; on allait chez le commerçant ou on lui téléphonait pour avoir des informations sur ses produits; on se réunissait en famille et on multipliait les détours pour rencontrer des gens, etc. L'arrivée d'internet et des médias sociaux a cependant littéralement transformé les moyens de communication et modifié les les relations interpersonnelles : les courriels, les forums de discussion, les textos et Facebook, pour ne nommer que ceux-là, font désormais partie intégrante de notre vie et ont modifié nos pratiques communicationnelles à jamais. Pour le meilleur et pour le pire.

Certes, ces outils de communication font partie de la nouvelle culture et ils comportent de nombreux avantages : démocratisation de l'information, ouverture virtuelle sur le monde, facilitation d'opérations bancaires et commerciales, établissement de communautés virtuelles d'amis et de contacts, etc. Mais en même temps, il me semble qu'ils ont contribué à faire régresser les compétences à communiquer. 

On peut ainsi se demander si ces nouveaux modes de communication écrite ne sont pas en train de tuer la capacité et l'habileté à communiquer oralement, et ce, surtout auprès des nouvelles générations. Sans vouloir généraliser, on ne peut nier le fait que les jeunes d'aujourd'hui sont plus portés à s'envoyer des textos ou se parler via Facebook au détriment de la communication directe. Je parle en connaissance de cause. 

Ma fille aînée et son « Dieu-Grec» s'envoient des textos à longueur de journée. Jamais je ne les ai entendus parler ensemble au téléphone. J'ai beau m'évertuer à lui expliquer qu'on ne peut développer une relation affective avec une autre personne et apprendre à se connaître par texto, qu'il faut pour cela échanger réellement, se parler, discuter, se regarder, se sourire, se toucher, etc., elle ne comprend pas. Elle me répond qu'ils vont se voir durant le week-end. Mais moi je sais bien que, le week-end venu, leurs bouches serviront à échanger des fluides bien plus que des mots...

Autre phénomène observé : la panique et le sentiment d'être démuni à l'idée de devoir téléphoner quelque part pour demander un renseignement. Vous doutez? Si je demande à mes filles de trouver un renseignement quelconque, elles se tournent d'abord vers Google. Et quand l'information recherchée s'avère incomplète ou introuvable et que je leur suggère de téléphoner directement, c'est la cata. J'exagère à peine. « Non, finalement, pas besoin... Ben là, j'y dis quoi??? Je lui dis ça comment? J'ai une idée, je vais le demander à mon amie sur Facebook! » Et c'est sans compter tous ceux et celles qui se draguent et se laissent par texto, qui règlent leurs différends sur Facebook ou qui se créent une personnalité virtuelle qui n'a rien à voir avec qui ils sont vraiment.

Si c'est en forgeant qu'on devient forgeron, c'est en parlant qu'on devient de meilleurs communicateurs. Et cela est d'autant plus nécessaire que certaines activités humaines ne peuvent avoir cours en format électronique : gérer des employés ou entretenir une relation d'aide (ce que font les psychologues, travailleurs sociaux, les répondants à des lignes téléphoniques d'urgence ou d'aide, etc.), défendre des droits (avocats, juges, etc.), ou travailler comme médecin, infirmière, policier, etc., demandent des capacités relationnelles importantes. 

C'est pourquoi je répète à mes filles que les personnes qui auront cultivé leurs aptitudes à communiquer oralement auront une longueur d'avance sur tous les autres. Que celles-ci seront riche d'une vertu qui se perd à la vitesse de la fibre optique. 

J'espère que le message fait son chemin. Peut-être devrais-je le leur texter...


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