mercredi 18 décembre 2013

La démarche active de découverte pour l'enseignement de la grammaire

La démarche active de découverte (DADD) est la nouvelle tendance en ce qui a trait à l'enseignement de la grammaire. L'objectif premier de cette méthode est de faire comprendre aux élèves les grandes régularités du fonctionnement de la langue et fait appel à leur capacité d'observation, d'expérimentation, de raisonnement et d'argumentation. Se déroulant en six étapes, elle permet aux élèves de construire progressivement et d'ancrer plus solidement leurs connaissances de la langue. Nous résumons plus bas un article de Suzanne-G. Chartrand, didacticienne et chercheuse phare sur le sujet. 

1ère étape : la mise en situation

Pour se lancer volontairement dans l’étude d’un phénomène de langue, l’élève doit en comprendre le sens et la pertinence. La mise en situation sera l’occasion de faire prendre conscience à l’élève de la nécessité de l’étudier. Pour ce faire, l’enseignante fait un rappel des notions enseignées plus tôt, au cours des mois précédents ou même celles vues depuis le début du primaire. Elle active ainsi les connaissances antérieures des élèves peut faire quelques mises au point pour s’assurer que tous ont les bonnes bases pour entreprendre la séquence d’enseignement. Par la suite, elle démontrera la fréquence d’occurrence des erreurs, dues à la mauvaise compréhension du phénomène à étudier, en puisant des exemples des textes des élèves. Elle peut également démontrer comment la maîtrisant du phénomène en question réduira considérablement tel type d’erreurs dans les productions écrites. La mise en situation se clôt en fixant un objectif d’apprentissage précis, ici, la reconnaissance du GN et de ses composantes.

Dès le départ, l'enseignante insistera sur la nécessité d'utiliser des termes précis pour nommes les faits de langue. L'adoption d'un métalangage commun à toute la classe permettra de réduire les ambiguïtés. 

1ère étape – Observation du phénomène
À partir d’un corpus regroupant divers exemples du phénomène à étudier, les élèves sont amenés à en observer les multiples manifestations. Regroupés en petites équipes de travail, les élèves devront ensuite effectuer des tâches de travail : regrouper les éléments semblables (DÉT. + NOM, DÉT + NOM + ADJ, DÉT + NOM + GP, etc.), les classer en précisant selon quels critères ils le font, repérer et lister des éléments semblables dans le corpus, etc. Le corpus utilisé peut contenir des éléments tirés de textes d’élèves ou de textes courants ou littéraires.
Pendant cette tâche, les élèves notent leurs observations ainsi que les questions auxquelles ils n’ont pas trouvé réponse durant leurs observations. La plénière qui suit cet exercice est le moment pour les élèves de faire part à la classe de leurs observations et des questions qui subsistent.

2e étape – Manipulation des énoncés et formulation d’hypothèses

La manipulation du phénomène à l’étude permet de lui faire subir des transformations et de ce fait en découvrir les caractéristiques et propriétés. On propose généralement 4 opérations, soit ajouter, soustraire ( ou effacer), remplacer et déplacer. Dans le cadre de cette démarche portant sur le GN, l’enseignante proposera les suivantes : 

  • la soustraction ou effacement d’un élément du GN : effacer tous les éléments du GN qui peuvent l’être et dégager les éléments essentiels du GN;
  • le déplacement : déplacer le GN dans la phrase pour déterminer sa place dans la phrase;
  • le remplacement : remplacer un GN par un pronom.



La discussion qui suivra cet exercice permettra de mettre en commun les constatations des élèves, faire le point et émettre des hypothèses concernant le GN.



Étape 3 – Vérification des hypthèses

Cette étape consiste à valider les hypothèses émises en les appliquant à un nouveau corpus.


Étape 4 – Formulation de règles et établissement de procédures

Une fois les hypothèses vérifiées et confirmées, les élèves travailleront en équipes à formuler dans leurs mots des lois, des régularités ou des règles. Ils pourront ensuite comparer le résultat de leur travail avec le reste de la classe et ainsi en peaufiner la formulation. Cette étape se conclut en demandant aux élèves de comparer les règles qu’ils ont formulées avec celles contenues dans les grammaires et autres ouvrages de référence.


Étape 5 – Exercisation

Ici, les élèves appliquent les règles qu’ils ont formulées. L’enseignante doit alors s’assurer de proposer des cas simples, mais aussi des cas plus compliqués, qui demanderont plus de réflexion. Ces exercices seront de types variés : reconnaître et repérer le phénomène dans un corpus, mais aussi justifier ses choix; construire des phrases contenant diverses manifestations du phénomène; produire des textes en y faisant apparaître le phénomène étudié, etc.


Étape 6 – Réinvestissement contrôlé


Cette étape, que l’on pourrait aussi appeler la pratique autonome, s’étale dans le temps. Maintenant qu’il a acquis une certaine maîtrise de la notion, il doit le démontrer dans ses futures productions. L’enseignante incitera les élèves à porter attention à l’application de la règle et en tiendra compte lors des évaluations formatives et sommatives.

Toute la démarche explicitée plus haut comporte des obstacles de taille. D'abord, elle repose entre autres sur l'intuition des élèves, leur curiosité, leur capacité de généraliser, etc., ce qui sera ardu ou même non naturel pour certains d'entre eux. L'enseignante verra donc à guider et orienter leur travail pour leur permettre de cheminer adéquatement. Ensuite, la DADD est chronophage : elle demande temps et patience, et ce, tant de la part de l'enseignante que de la part des élèves.  Elle demande enfin de la part de l'enseignante un important travail de préparation et des connaissances et compétences grammaticales étendues. Ainsi, l'enseignante devra faire voir le caractère « payant » à long terme de cette méthode, qui, quoique exigeante, permet d'engendrer des apprentissages plus solidement ancrés.

Pour lire le texte complet, suivez le lien : 


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