La démarche active de découverte (DADD) est la nouvelle tendance en ce qui a trait à l'enseignement de la grammaire. L'objectif premier de cette méthode est de faire comprendre aux élèves les grandes régularités du fonctionnement de la langue et fait appel à leur capacité d'observation, d'expérimentation, de raisonnement et d'argumentation. Se déroulant en six étapes, elle permet aux élèves de construire progressivement et d'ancrer plus solidement leurs connaissances de la langue. Nous résumons plus bas un article de Suzanne-G. Chartrand, didacticienne et chercheuse phare sur le sujet.
1ère étape : la mise en situation
Pour se lancer volontairement
dans l’étude d’un phénomène de langue, l’élève doit en comprendre le sens et la
pertinence. La mise en situation sera l’occasion de faire prendre conscience à
l’élève de la nécessité de l’étudier. Pour ce faire, l’enseignante fait un
rappel des notions enseignées plus tôt, au cours des mois précédents ou même
celles vues depuis le début du primaire. Elle active ainsi les connaissances
antérieures des élèves peut faire quelques mises au point pour s’assurer que
tous ont les bonnes bases pour entreprendre la séquence d’enseignement. Par la
suite, elle démontrera la fréquence d’occurrence des erreurs, dues à la
mauvaise compréhension du phénomène à étudier, en puisant des exemples des
textes des élèves. Elle peut également démontrer comment la maîtrisant du
phénomène en question réduira considérablement tel type d’erreurs dans les
productions écrites. La mise en situation se clôt en fixant un objectif
d’apprentissage précis, ici, la reconnaissance du GN et de ses composantes.
Dès le départ, l'enseignante insistera sur la nécessité d'utiliser des termes précis pour nommes les faits de langue. L'adoption d'un métalangage commun à toute la classe permettra de réduire les ambiguïtés.
1ère étape – Observation du phénomène
À partir d’un corpus regroupant
divers exemples du phénomène à étudier, les élèves sont amenés à en observer
les multiples manifestations. Regroupés en petites équipes de travail, les
élèves devront ensuite effectuer des tâches de travail : regrouper les
éléments semblables (DÉT. + NOM, DÉT + NOM + ADJ, DÉT + NOM + GP, etc.), les
classer en précisant selon quels critères ils le font, repérer et lister des
éléments semblables dans le corpus, etc. Le corpus utilisé peut contenir des
éléments tirés de textes d’élèves ou de textes courants ou littéraires.
Pendant cette tâche, les élèves
notent leurs observations ainsi que les questions auxquelles ils n’ont pas
trouvé réponse durant leurs observations. La plénière qui suit cet exercice est
le moment pour les élèves de faire part à la classe de leurs observations et
des questions qui subsistent.
2e étape – Manipulation des énoncés et formulation
d’hypothèses
La manipulation du phénomène à
l’étude permet de lui faire subir des transformations et de ce fait en
découvrir les caractéristiques et propriétés. On propose généralement 4
opérations, soit ajouter, soustraire ( ou effacer), remplacer et déplacer. Dans
le cadre de cette démarche portant sur le GN, l’enseignante proposera les
suivantes :
- la soustraction ou effacement d’un élément du GN : effacer tous les éléments du GN qui peuvent l’être et dégager les éléments essentiels du GN;
- le déplacement : déplacer le GN dans la phrase pour déterminer sa place dans la phrase;
- le remplacement : remplacer un GN par un pronom.
La discussion qui suivra cet exercice permettra de mettre
en commun les constatations des élèves, faire le point et émettre des
hypothèses concernant le GN.
Étape 3 –
Vérification des hypthèses
Cette étape consiste à valider les hypothèses émises en les
appliquant à un nouveau corpus.
Étape 4 –
Formulation de règles et établissement de procédures
Une fois les hypothèses vérifiées et confirmées, les élèves
travailleront en équipes à formuler dans leurs mots des lois, des régularités
ou des règles. Ils pourront ensuite comparer le résultat de leur travail avec
le reste de la classe et ainsi en peaufiner la formulation. Cette étape se
conclut en demandant aux élèves de comparer les règles qu’ils ont formulées
avec celles contenues dans les grammaires et autres ouvrages de référence.
Étape 5 – Exercisation
Ici, les élèves appliquent les règles qu’ils ont formulées.
L’enseignante doit alors s’assurer de proposer des cas simples, mais aussi des
cas plus compliqués, qui demanderont plus de réflexion. Ces exercices seront de
types variés : reconnaître et repérer le phénomène dans un corpus, mais
aussi justifier ses choix; construire des phrases contenant diverses
manifestations du phénomène; produire des textes en y faisant apparaître le
phénomène étudié, etc.
Étape 6 –
Réinvestissement contrôlé
Cette étape, que l’on pourrait aussi appeler la pratique
autonome, s’étale dans le temps. Maintenant qu’il a acquis une certaine
maîtrise de la notion, il doit le démontrer dans ses futures productions. L’enseignante
incitera les élèves à porter attention à l’application de la règle et en
tiendra compte lors des évaluations formatives et sommatives.
Toute la démarche explicitée plus haut comporte des obstacles de taille. D'abord, elle repose entre autres sur l'intuition des élèves, leur curiosité, leur capacité de généraliser, etc., ce qui sera ardu ou même non naturel pour certains d'entre eux. L'enseignante verra donc à guider et orienter leur travail pour leur permettre de cheminer adéquatement. Ensuite, la DADD est chronophage : elle demande temps et patience, et ce, tant de la part de l'enseignante que de la part des élèves. Elle demande enfin de la part de l'enseignante un important travail de préparation et des connaissances et compétences grammaticales étendues. Ainsi, l'enseignante devra faire voir le caractère « payant » à long terme de cette méthode, qui, quoique exigeante, permet d'engendrer des apprentissages plus solidement ancrés.
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